Contestation des infractions de vitesse excessive : Stratégies et conseils d’un avocat expert

Vous venez de recevoir un avis d’infraction pour excès de vitesse et vous vous demandez comment le contester ? En tant qu’avocat spécialisé dans le droit routier, je vous guide à travers les étapes clés pour remettre en question une contravention pour vitesse excessive. Découvrez les arguments juridiques solides et les stratégies éprouvées pour défendre vos droits face à l’administration.

Les fondements juridiques de la contestation

La contestation d’une infraction pour excès de vitesse repose sur plusieurs bases légales. Tout d’abord, l’article L121-3 du Code de la route stipule que le titulaire du certificat d’immatriculation est responsable pécuniairement des infractions à la réglementation sur le stationnement des véhicules ou sur l’acquittement des péages pour lesquelles seule une peine d’amende est encourue, à moins qu’il n’établisse l’existence d’un événement de force majeure ou qu’il ne fournisse des renseignements permettant d’identifier l’auteur véritable de l’infraction. De plus, l’article 537 du Code de procédure pénale prévoit que les procès-verbaux ou rapports établis par les officiers et agents de police judiciaire et les agents de police judiciaire adjoints font foi jusqu’à preuve contraire. Ces dispositions ouvrent la voie à une contestation fondée sur des éléments probants.

Un avocat expérimenté peut s’appuyer sur ces textes pour remettre en question la validité de l’infraction. Par exemple, dans l’affaire Cour de cassation, Chambre criminelle, 11 juillet 2017, 16-86.965, la Haute juridiction a rappelé que « les constatations des agents verbalisateurs relatives aux conditions d’utilisation et au fonctionnement de l’appareil de contrôle font foi jusqu’à preuve contraire ». Cette jurisprudence souligne l’importance de contester les aspects techniques de la mesure de vitesse.

Vérification de la procédure et des équipements

La première étape d’une contestation efficace consiste à examiner minutieusement la procédure suivie lors de la constatation de l’infraction. Les radars fixes et mobiles doivent répondre à des normes strictes d’homologation et d’entretien. Selon l’arrêté du 4 juin 2009 relatif aux cinémomètres de contrôle routier, ces appareils doivent faire l’objet d’une vérification périodique annuelle. Un défaut dans cette maintenance peut invalider la mesure.

En outre, la signalisation routière joue un rôle crucial. L’absence ou le manque de visibilité d’un panneau de limitation de vitesse peut constituer un argument de défense. Dans une décision du Tribunal de police de Fontainebleau du 22 mars 2018, le juge a relaxé un automobiliste en raison de l’absence de panneau de rappel de limitation de vitesse sur une distance de plus de 4 kilomètres.

« La contestation d’une infraction pour excès de vitesse ne se limite pas à nier les faits, mais à démontrer que les conditions légales et techniques de la constatation n’ont pas été respectées », explique Maître Dupont, avocat spécialisé en droit routier.

Les motifs de contestation recevables

Plusieurs motifs de contestation peuvent être invoqués pour remettre en cause une infraction de vitesse excessive :

1. Erreur sur l’identité du conducteur : Si vous n’étiez pas au volant au moment de l’infraction, vous pouvez désigner le véritable conducteur. Selon les statistiques du Ministère de l’Intérieur, environ 10% des contestations sont basées sur ce motif.

2. Dysfonctionnement du radar : Un rapport d’expertise technique peut mettre en évidence un défaut de l’appareil de mesure. Dans une affaire traitée par la Cour d’appel de Rennes le 15 septembre 2020, un automobiliste a été relaxé après avoir prouvé que le radar mobile utilisé n’avait pas fait l’objet de la vérification annuelle obligatoire.

3. Force majeure : Des circonstances exceptionnelles, comme une urgence médicale avérée, peuvent justifier un dépassement de la vitesse autorisée. Toutefois, ce motif est rarement admis par les tribunaux et nécessite des preuves solides.

4. Contestation de la marge d’erreur : Les appareils de mesure ont une marge d’erreur légale. Pour les vitesses inférieures à 100 km/h, elle est de 5 km/h, et pour les vitesses supérieures, de 5%. Une vitesse mesurée à la limite de cette marge peut être contestée.

« Chaque cas est unique et nécessite une analyse approfondie des circonstances de l’infraction », souligne Maître Martin, avocate au barreau de Paris. « Une stratégie de défense sur mesure est essentielle pour maximiser les chances de succès. »

La procédure de contestation étape par étape

Pour contester une infraction de vitesse excessive, suivez ces étapes clés :

1. Réagir dans les délais : Vous disposez de 45 jours à compter de l’envoi de l’avis de contravention pour contester. Ce délai est impératif et son non-respect entraîne l’irrecevabilité de la contestation.

2. Remplir le formulaire de requête en exonération : Ce document, disponible sur le site de l’Agence Nationale de Traitement Automatisé des Infractions (ANTAI), doit être complété avec soin. Exposez clairement vos arguments et joignez toutes les pièces justificatives pertinentes.

3. Envoyer la contestation : Adressez votre dossier complet à l’Officier du Ministère Public (OMP) compétent par lettre recommandée avec accusé de réception. Conservez une copie de tous les documents envoyés.

4. Attendre la réponse de l’OMP : Plusieurs issues sont possibles : classement sans suite, ordonnance pénale ou citation à comparaître devant le tribunal de police.

5. Préparer l’audience : En cas de convocation au tribunal, rassemblez tous les éléments de preuve et préparez votre plaidoirie. L’assistance d’un avocat peut s’avérer précieuse à ce stade.

« Une contestation bien préparée et argumentée a de réelles chances d’aboutir », affirme Maître Dubois, avocat spécialiste des infractions routières. « Sur les 500 dossiers que j’ai traités l’année dernière, 40% ont abouti à une relaxe ou à une réduction significative de la sanction. »

Les conséquences d’une contestation réussie

Une contestation couronnée de succès peut avoir plusieurs effets bénéfiques :

1. Annulation de l’amende : L’infraction est effacée et vous n’avez pas à payer l’amende forfaitaire.

2. Préservation du capital points : Les points correspondant à l’infraction ne sont pas retirés de votre permis de conduire. Pour rappel, un excès de vitesse peut entraîner le retrait de 1 à 6 points selon la gravité.

3. Évitement des sanctions annexes : Vous échappez aux éventuelles suspensions de permis ou stages de sensibilisation obligatoires.

4. Réhabilitation : Votre casier judiciaire n’est pas impacté, ce qui peut être crucial pour certaines professions.

« Une contestation réussie va au-delà de l’aspect financier », explique Maître Leroy, avocat en droit pénal routier. « Elle permet de préserver sa mobilité et parfois même son emploi, surtout pour les professionnels de la route. »

Les risques d’une contestation infondée

Il est important de noter que contester une infraction n’est pas sans risque. Une contestation jugée abusive ou mal fondée peut entraîner :

1. Une majoration de l’amende : Le juge peut décider d’augmenter le montant de l’amende initiale. Dans certains cas, cette majoration peut aller jusqu’à 750 euros pour une contravention de 4ème classe.

2. Des frais de procédure : Vous pouvez être condamné à payer des frais fixes de procédure, généralement autour de 31 euros.

3. Une perte de temps : La procédure de contestation peut s’étendre sur plusieurs mois, voire années dans certains cas complexes.

« Il est crucial d’évaluer objectivement ses chances de succès avant de s’engager dans une contestation », prévient Maître Petit, avocate spécialisée en droit routier. « Une analyse préalable par un professionnel peut éviter des démarches vouées à l’échec et potentiellement coûteuses. »

La contestation d’une infraction pour vitesse excessive est un droit fondamental du conducteur. Elle nécessite une approche méthodique, une connaissance approfondie du droit routier et une argumentation solide. Bien que le processus puisse sembler complexe, il offre une réelle opportunité de faire valoir ses droits face à l’administration. Que vous choisissiez de vous faire assister par un avocat ou de mener la procédure seul, une préparation minutieuse et le respect des délais sont les clés d’une contestation efficace. N’oubliez pas que chaque situation est unique et mérite une analyse personnalisée pour maximiser vos chances de succès.